battle of hogwarts 02.05.98 Elle se tenait là, devant le corps sans vie du jumeau Weasley. Quelques secondes avant, elle s'était présentée un large sourire aux lèvres en voyant la famille regroupée dans la grande salle, pensant que tout le monde avait survécu. Tout le monde, excepté Fred. George avait perdu sa moitié, et Angelina l'un de ses meilleurs amis.

ptsd 02.05.99 Des explosions, des corps qui tombaient autour d'elle, Angelina avançait difficilement à travers ce qui semblait être un épais brouillard. Seuls les cris qui s'y élevaient et les éclairs verts lancés à tout va lui permettaient de se repérer un minimum. Elle se prit un coup, puis un autre, on la bousculait violemment sans qu'elle ne puisse jamais voir les visages de ses agresseurs. Ils étaient là, et l'instant d'après, plus rien. Ce n'était qu'une fois arrivée au bout que tout s'éclaircissait. Et elle le voyait lui, Fred. Fred et les yeux fermés, le visage ensanglantée, le teint livide. Encore et toujours. Il apparaissait sans arrêt, ne lui laissait aucun repos. Son ami lui manquait et sa mort comme la bataille en général l'avait traumatisée, plus qu'elle ne voulait l'admettre. Angie, elle renvoyait l'image d'une femme forte, pas celle qu'elle était à présent : recroquevillée dans son lit, les larmes beaucoup trop abondantes se mêlant à ses sueurs nocturnes. Les hurlements avaient fini par réveiller sa soeur dans la chambre d'à côté, témoin de la souffrance de son aînée chaque nuit. Quelques secondes plus tard, elle apparaissait dans l'encadrement de la porte, un verre dans une main et une serviette dans l'autre qu'elle déposait soigneusement sur la table de chevet. Angie, Angie ! C'est Olivia. Tout va bien, t'es à la maison, en sécurité. Ça va aller. Elle prit place dans son lit et Angelina enroula immédiatement les bras autour de sa soeur. Un an aujourd'hui. La respiration saccadée, elle parvenait difficilement à parler sans marquer des pauses. Comme si- c'était hier. Olivia resserre son étreinte. Chaque nuit, Ollie. J'en peux plus. Je sais, je sais. répéta-t-elle jusqu'à ce que la respiration d'Angie redevienne normale. Je suis désolée... T'as pas à l'être, arrête ça. Elle prit une gorgée de l'eau fraîche. Je crois que... qu'il est temps. De voir quelqu'un. Angelina avait bénéficié d'un suivi poussé par l'hôpital Sainte-Mangouste, mais s'obstinait à refuser chaque aide psychologique. Elle ne s'estimait pas non plus assez mal pour participer à des groupes de soutien, ou simplement parler à un professionnel. T'as des nouvelles de George ? Elle haussa les épaules, se remémorait ses nombreuses visites à l'hôpital, lorsqu'elle y était encore, et celles à son domicile. Je me souviens même plus de la dernière fois que je l'ai entendu rire, ou vu sourire... Un peu comme toi, non ? Petite tape sur l'épaule. C'est faux, je souris encore, moi. Je te parle d'un vrai sourire. Tu souris pour faire plaisir à papa et maman. Ou faire croire aux autres que tu vas bien. Mais ça marche pas avec moi. Elle hocha la tête, sourit une nouvelle fois, les yeux embués de larmes. T'as raison.

revival novembre 99 Petit bouquet et chocolats dans un sac, elle arpentait les couloirs de l'hôpital pour rendre visite à un ami très cher. George n'était plus qu'une coquille vide depuis le décès de Fred. Les Weasley avaient tout essayé et l'hôpital semblait être la dernière option. Quelques jours seulement qu'il était là, assis à regarder à travers la fenêtre, le visage terne et les yeux cernés. Il ne se retournait même plus lorsque quelqu'un frappait à la porte, ne répondait pas au personnel hospitalier. Salut George, je t'ai apporté ces fleurs que tu détestes. Et du chocolat aussi, mais ça me ferait un immense plaisir de les manger toute seule. Elle prit place dans le lit de son ami. C'est plutôt confortable ici. Angie cachait la détresse de voir son ami dans un si mauvais état par l'humour. Elle tenait ça des jumeaux, à force de les fréquenter pendant des années. Et elle avait peur de le perdre lui aussi. En fait non, c'est de la merde. Elle se leva d'un bond pour d'interposer entre George et la fenêtre. Ne t'en fais pas, t'auras toujours droit au même ciel gris demain. On s'en va. Elle attrapa son bras, qu'il relâcha violemment. Elle se plaça à sa hauteur. Regarde-moi George, s'il-te-plaît. Rien n'y faisait, le même regard perdu dans le vide, loin, très loin de cette chambre et de Londres en général. Si t'as cru que j'allais te laisser tomber, tu te fous le doigt dans l'oeil. Debout. Maintenant. Toujours rien. En plus d'un an, Angelina n'avait jamais flanché devant George. Elle s'était contentée de lui apporter un peu de compagnie, quelques blagues qu'il aurait pu apprécier d'ordinaire, mais elle était toujours restée forte. Parce que la douleur de George était plus intense que la sienne, et qu'elle ne comprendrait jamais son ressenti. Ça fait plus d'un an, George— Sa voix s'était légèrement brisée. Plus d'un an que Fred n'est plus là. Que nos vies ont changé. Plus d'un an que je revis la bataille chaque nuit, sans exception. Et j'en peux plus d'être comme ça. On mérite de vivre, pas seulement survivre. Elle essuya d'un revers de bras ses quelques larmes. Alors lève-toi, on se tire de cet endroit. Ça t'apporte rien de bon. Toujours aucune réaction. Elle l'avait fixé longuement, dix, trente secondes, jusqu'à plusieurs minutes. Mais rien. Parfait, c'est ton choix. Je m'en vais maintenant. C'était ma dernière chance, t'attends pas à ce que je revienne avant un bon bout de temps. lâcha-t-elle, autant en colère que anéantie par un énième échec. Elle avait tant essayé, mais rien n'avait marché. Attends. qu'il avait fini par prononcer, avec sa voix enrouée à force de ne plus être utilisée. Angie attends-moi.  

lost 19.09.15 Angelina était rentrée un peu plus tard que prévu de l'université, la faute aux travaux de groupe qui commençaient tout juste. Sur le chemin du retour, elle avait acheté de quoi manger pour la petite famille presque au complet, Fred étant déjà à Poudlard, mais elle avait retrouvé la maison étrangement vide. Pas de George, ni Roxanne. Téléphone portable ensorcelé à la main, elle joignit immédiatement son époux, mais elle tombait chaque fois sur le répondeur. Un petit tour rapide dans leur maison, avec cette angoisse qui l'envahissait encore plus à chaque pièce inoccupée. Elle ne vit même pas la lettre posée sur la table de chevet, ni les placards de George à moitié vides. Elle finit par joindre Hermione. Hermione ? Hermione, c'est Angelina. Dis, est-ce que Roxanne est chez vous ? Oui, mais je pensais que George t'avais prévenue. Non, du tout. En fait, je sais pas où il est. T'aurais pas des nouvelles ? Je vais voir avec Harry et Ron. Je te redis ça. Passe à la maison si tu veux. J'arrive tout de suite. Soupir de soulagement, elle s'assit sur son lit quelques secondes pour reprendre ses esprits avant de repartir. Et c'est là qu'elle la vit. La fameuse lettre. Celle qui expliquait brièvement pourquoi il n'était plus là. C'était assez succinct, pas de détails inutiles. Pas même un je vous aime mais plutôt un je suis désolé.... Depuis quelques mois, George n'était plus que l'ombre de lui-même. Il n'avait pas supporté un nouvel anniversaire loin de Fred, une nouvelle célébration du jour qui avait été le pire de sa vie.

today juillet 2020 Angelina avançait d'un pas sûr dans les locaux de son entreprise. Depuis la Réunification, c'était l'effervescence. La communauté non-magique s'était montrée bien plus curieuse qu'elle ne l'aurait imaginé et certains étaient prêts à débourser des sommes astronomiques pour obtenir des pièces uniques. Dans l'ombre, elle travaillait avec son équipe pour offrir aux britanniques une toute nouvelle gamme de balais, accessible aux non-magiques mais surtout, fonctionnant sans que son propriétaire n'ait de pouvoirs magiques. L'inspiration leur était venue des véhicules électriques, et ces derniers espéraient allier magie et technologie pour créer l'illusion de magie. Qui ne rêverait donc pas de s'élever dans les airs, découvrir la capitale britannique sous un autre angle ou même s'essayer au célèbre quidditch sorcier ?