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 mila - cavaliero

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Mila Hamilton
Mila Hamilton
administrateur
date d'arrivée : 08/05/2020
messages : 30
pseudo : RedDragon (Yoann)
multicomptes : Aucun
avatar & crédits : Taylor Swift (Eternal Love)
mila - cavaliero Tenor
âge : Rides qui débarquent sur le coin des lèvres. Trente-cinq années déjà, la pente abrupte qui ne décline pas encore.
ascendance : Hérésie. Non-Magique d'une fierté certaine.
statut civil : Célibataire. Cœur vide, lit creux. Rien.
opinions politiques : No-Maj First, création paternelle. Adoratrice de la première heure.
scolarité : Ecoles privées. Sciences-politiques comme horizon. Formée pour régner.
métier : Reine des enfers. Sous-secrétaire d'état du Bureau du Premier Ministre. Asticot dans la pomme.
particularité : Rien. Sauf cette addiction à la nicotine qui terminera en cancer du poumon.
inventaire : Un paquet de Marlboro, un Zippo. Possessions vitales.
répertoire rp : Bla
cadence d'écriture : Moins d'une semaine

the veil rising

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MessageSujet: mila - cavaliero   mila - cavaliero EmptySam 27 Juin - 13:30

“ Mila Hamilton „
Have you seen all in gold ? Like a queen in days of old
nom Hamilton. Il règne sur la famille comme un roi sur ses sujets, il se transmet dans les bouches, dans les gestes et les actes. Hamilton est un fléau dévorant le monde, un bénéfice sans aucun doute. C'est un cadeau, un don, un fardeau. Une terrifiante réalité. De beaux immeubles dressés fièrement dans le ciel, phalliques formes perçant le ciel londonien. Hamilton comme les étoiles montantes de la politique, domaine salutaire pour ceux qui ont su prendre le vent du changement en pleine face. prénom Mila. Simple, efficace. Il sonne, il fait trébucher les langues peu douées, il fait naître au creux de ceux qui connaissent sa propriétaire une angoisse. Mila qui résume en deux syllabes tellement plus que les longs discours ténébreux. Mila qui s'inscrit au frontispice des âmes échouées. Ne jamais sous estimer le pouvoir d'un prénom comme celui-ci.   naissance, nationalité & âge La cuillère d'or dans la bouche, engoncée comme le courrier dans une boite aux lettres débordante, l'immonde vomissure des billets. Britannique depuis trente-cinq années, depuis la naissance d'un froid mois de décembre. Parfaite créature au divin tracé.  ascendance Non-Magique, d'une aristocratie dévoyée depuis la révolution. D'une aristocratie dont le thé s'est cendré, dont l'empire immobilier règne magiquement au dessus du royaume; scolarité La science et la politique. Deux attraits réunis dans un seul. Cursus de Sciences Politiques, diplômée avec vigueur d'un domaine où les femmes ne ressortent que très peu, la machination patriarcale comme broyeur invasif.   occupation actuelle Sous-Secrétaire d'Etat auprès de la Première Ministre. Nomination polémique, sans doute. Le moyen pour Yardley d'avoir un pantin, le moyen pour toi d'avoir de la voix. Faire grossir un parti demande la fougue la plus extrême, le dévouement le plus fabuleux.  statut matrimonial Relation compliquée, célibataire officiellement. Officieusement non plus, les choses ne sont pas vraiment claires. De s'enticher, voilà où cela mène. inventaire Un paquet de Marlboro qui ne quitte jamais la poche. A côté dort un Zippo. L'attirail parfait, l'arme qui tue à petit feu par excellence.  opinions politiques No-Maj First. C'est un mantra obligatoire, c'est un consensus intérieur.  particularités Aucune avatar Taylor Swift

informations PAROLE. Dotée d'une éducation à l'épreuve des vulgarités, c'est pourtant un chemin tout autre que tu as pris. Celui de la parole vulgaire. Aux contrevenants, aux chevaliers de la bienséance, c'est un majeur dressé que tu accordes comme sentence. A la ponctuation, tu préfères les vulgarités, virgules parfaites, points finaux plus cléments. C'est un reproche qui fuse chaque fois que tes lèvres s'ouvrent, chaque fois que résonne ta voix un peu nasillarde. Cowboy Marlboro. Fusion. Addiction. Elle est irremplaçable. La fumée d'une cigarette, l'odeur du tabac en train de grésiller à tes oreilles pendant que ta bouche tire des volutes enflammées. C'est la contraction de la gorge, le bout des doigts jaunis. Une philosophie, une manière de penser, une philosophie instruite par le paternel en personne. Peu de souvenirs d'une soirée sans compagnie du paquet rouge et blanc, peu de souvenirs d'une vie sans la douceur cendrée d'une gitane enflammée.  Rolling Stones. Passion pour les talents vocaux de Jagger, pour les rifts fous de Richards. Résonne à tes oreilles les complaintes de l'amoureux de Paint It, Black, les mises en garde de You Can't Always Get What You Want, les envolées grandiloquentes de Sympathy For the Devil et les accords entrainants de She's A Rainbow. Plus qu'une passion, un art de vivre. Made in London. HAINE. De l'amour à la haine, un pas. De l'amour de sa personne à la haine de soi, un millimètre. Agir pour oublier, agir pour refuser la réalité. Amoureuse cachée, camouflée, enterrée. Voilà les réalités : l'amour dure plus de trois ans, il peut durer une vie entière. Mais l'amour fait mal, c'est une balle réelle, c'est un chargeur qui se vide dans les tréfonds, c'est les intestins qui dégueulent à toute heure, les larmes qui menacent d'envahir en torrents les joues maquillées. C'est un sentiment foutu.    
Que pensez-vous de la Réunification? La plus grande erreur de l'Humanité. Dictateurs moustachus, massacres, guerres idiotes. Tout ça n'était rien en comparaison à ce qui se préparait autrefois dans l'ombre et aujourd'hui en pleine lumière. A la lumière, les horreurs paraissent encore plus affreuses. La Réunification est une aubaine, elle permet aux Hamilton de sortir du bois, d'offrir enfin au monde la douceur de ses opinions mais c'est une hérésie qu'il faut combattre de toute son âme. De lourdes conséquences, de très lourdes conséquences. Alors que tu rêvais d'une carrière plutôt tranquille, la Réunification a été un électrochoc. Des arcanes du pouvoir, faire changer les choses. Modifier l'équilibre à nouveau. Et pourquoi pas en allant plus loin ? Les bûchers des heures sombres du Moyen-Âge ont cette particularité à tenter les plus violents du cercle familial.

Selon vous, est-ce qu'une cohabitation stable entre les deux communautés est possible ? Une cohabitation, qu'elle soit stable ou instable n'a pas lieu d'être. Le principe du "chacun chez soi et les cochons seront bien gardés" s'appliquerait parfaitement à la situation. Aujourd'hui c'est impossible. Les choses ont évolué trop vite, trop rapidement. Les fondations sont rongées comme une dent cariée qu'il faut dévitaliser. "Le monde va changer de base" hurlent les chants internationalistes, il serait temps que ses bases retrouvent un semblant de logique, loin des sorciers, loin de ces fainéants dont la baguette se tend à chaque difficulté. Tant d'immobilisme est révoltant. No-Maj First, voilà le parti de l'avenir.  
pseudo/prénom yoann . âge 25 ans fuseau horaire UTC +2 (frannnnce) personnage inventé (grande famille) avis sur le forum c'est naze, bouuuuuh crédits eternal love (avatar) ronflaks cornus j'vous love  inlove1
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Mila Hamilton
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ascendance : Hérésie. Non-Magique d'une fierté certaine.
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opinions politiques : No-Maj First, création paternelle. Adoratrice de la première heure.
scolarité : Ecoles privées. Sciences-politiques comme horizon. Formée pour régner.
métier : Reine des enfers. Sous-secrétaire d'état du Bureau du Premier Ministre. Asticot dans la pomme.
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MessageSujet: Re: mila - cavaliero   mila - cavaliero EmptySam 27 Juin - 13:30

“ The Archer
— in a champagne supernova

PLAYLIST DE LA MORT

Chapitre 1 : Jesus of Suburbia

 Le ton est froid. Ça résonne contre les murs, ça frappe le plafond avec beauté. Les ondes se déploient comme une vague, elles déferlent avec la grandeur d’un tsunami, ravageant les oreilles comme la lame détruit la plage.
Aux oreilles, les cris frappant, dans chaque pore de peaux entretenues, l’épiderme se tend comme la ficelle d’un fameux vêtement qui n’en couvre pas tellement. Dans chaque esprit, aussi, la puissance d’une femme donnant la vie s’imprime sur les rétines. Pour la plupart des protagonistes de la scène, c’est une routine réglée comme un papier à musique, c’est le quotidien de ceux que l’on nommera héros pendant les épidémies et qu’on méprisera le reste du temps, jugeant qu’ils ne sont que des gosses capricieux réclamant un peu d’argent de poche pour acheter des jouets plus puissants.

Pour un homme et une femme, en revanche, c’est une première. Un saut dans le vide, dans l’incertain pouvoir ancestral du don de la vie. Voir s’imprimer, pour la première fois, un modèle de soi en réduit. Tenir la vie dans sa main, dans ses bras. Fragile équilibre.
Pour la femme, les pensées ne se bousculent pas tellement. Rien ne se bouscule, sauf, la tête, proéminente, qui menace de sortir de ses entrailles avec fracas. Elle n’a pas le temps d’y penser tant les ondes vrillent le ventre et le corps entier. Celui-ci se tend avec violence, se contorsionne dans des positions improbables qu’elle ne savait même pas pouvoir produire, comme une artiste, une saltimbanque particulièrement douée. Peut-être que sa place, finalement, est dans un cirque, à se faire payer pour passer une jambe derrière la tête, pour, en rythme se mettre entière dans une valise.

Pour l’homme, en revanche, le cerveau fonctionne à plein régime. Et s’il tient la main de sa femme, son esprit est ailleurs. La souffrance de son aimée n’est finalement pas ce qui monopolise son attention. Même s’il en souffre aussi, après tout, elle plante ses ongles taillées dans le marbre contre ses frêles avants-bras.
Mais Jensen Hamilton est de ces hommes dont les pensées vont à cent à l’heure. A la tête d’un empire immobilier, il n’a point le temps de se soucier des détails de l’humanité. Qu’une épidémie dévaste le pays, qu’une guerre éclate aux frontières, rien ne déstabilise jamais vraiment l’homme. Paré à tout comme un soldat formaté par un gouvernement totalitaire, comme un chien dont la gamelle est l’horizon. Mais c’est un Jensen transfiguré, certainement, qui s’offre aux yeux des médecins concentrés, aux yeux des infirmiers qui épongent le front, qui manipulent quelques outils comme de parfaits bricoleurs du dimanche. Parce que dans la tête de Jensen se bousculent les émotions, les contradictions, les façons dérangées de se questionner.
Son cerveau est ainsi fait, c’est une secousse émotive, c’est un reptilien de pur jus. Comment va t-il assumer sa paternité ? Lui qui n’a point le temps d’une pause lors de ces longues journées, lui, qui pour fumer une cigarette doit prévenir sa secrétaire de ne pas le déranger ? Lui qui consomme plus de café qu’il n’inspire d’air.
Ses journées commencent à minuit et se terminent à vingt trois heures cinquante neuf. Il ne dort pas ou presque pas, quelques heures par nuit, vingt minutes après le repas du midi, pour digérer.
Comment, alors, peut-il aborder le devoir d’être père, d’offrir au monde, un héritier à son empire ? Conscient, peut-être, qu’il n’est pas la plus qualifiée des créatures pour s’occuper des changements de couches et des biberons de lait qu’il faudra administrer, il se rattrape aux rideaux, ordonnant la construction d’une chambre à l’effigie d’une princesse à venir, commandant sur catalogues par correspondance les plus beaux jouets dont sa fille ne pourra jouir avant plusieurs années, car si Jensen Hamilton est intelligent, il oublie souvent qu’un bébé passe son temps à manger, faire ses besoins et dormir dans l’intervalle.

La femme hurle de plus belle. Ses cris sont un coton délicieux aux oreilles de ceux qui ne peuvent pas l’entendre. En revanche, pour ceux qui peuvent se targuer d’être là, les cris sont encore plus nasillard qu’une chanson de britpop indigeste dont les ondes radios sont envahies.
C’est la lutte finale, l’Internationale, c’est le salut commun. La libération.

Dans les bras d’un médecin aux tempes grisonnantes, le crâne dégarni par des années d’effort, se tient la plus belle chose que Jensen Hamilton n’a jamais vu. Son premier enfant. L’incarnée, la divine beauté. Couverte d’une couche immonde, bleutée, il ne peut s’empêcher de la trouver divine, entortillée, pleurante, dans quelques chauds draps à la stérilité approuvée.
Le médecin, s’approche, le coeur du père s’emballe. La mère, aussi, fatiguée, les yeux presque fermés par l’effort, porte un sourire conquis aux lèvres.
La bouche du docteur s’ouvre, produit les plus beaux sons qu’un parent puisse entendre. Vibrante, tremblante, gargantuesque.
« C’est une petite fille en pleine forme. Félicitations aux parents ! » Dit-il de sa voix suave de fumeur.

Le bonheur glisse sur le magnat. Père. A lui, désormais de se montrer à la hauteur de la tâche.

Chapitre 2 : The Rise of the Hamiltons.

« Dans une société civilisée, monsieur Eaton, il y a des règles.» Jensen allume une cigarette et avale une gorgée d’un excellent scotch qu’il garde dans le petit placard de son bureau, comme une relique qu’il contemple et use à l’outrage. Il reprend. « Les règles ne peuvent être franchies sous aucun prétexte. Car si nous franchissons les règles, nous sommes des animaux et notre place est à l’abattoir. » Le vis-à-vis remue sur sa chaise. Il tente d’ouvrir la bouche mais Jensen Hamilton est las des justifications, las des explications. On ne construit pas un empire sur les suppliques et les détournements, on construit un empire sur le sang, sur les larmes et sur la justesse d’esprit. « Lorsque nous voulons franchir la limite, la moindre des choses, monsieur Eaton, est de le faire avec intelligence. Parce qu’encore une fois, nous sommes l’espèce supérieure, le haut de la chaine alimentaire. » Son ton est distant, d’une incontrôlable froideur. Il pince la cigarette au bout de ses doigts, ravage le visage de son interlocuteur avec sa fumée. Il replonge les lèvres dans l’ambre liquide, savoure chaque picotement de sa gorge. « Vous êtes non seulement un voleur, un moins que rien mais vous n’avez aucune ambition. Un crétin doublé d’un idiot. Et vous savez, monsieur Eaton ce que je fais aux imbéciles ? » Il baisse la voix. Poursuit d’un ton mielleux, jetant des regards à droite à gauche. « Vous ne pouvez pas le savoir, bien entendu, parce que ceux qui pourraient en témoigner reposent dans la Tamise, un parpaing comme compagnon de galère. »

Jensen Hamilton règne sur le marché immobilier du pays, il s’étend même à l’international grâce à des montages financiers complexes, il est l’actionnaire majoritaire du club de Manchester United, car le football, comme la musique classique est sa passion première. Il ne vibre que dans les tribunes présidentielles d’un stade plein, à regarder des joueurs s’échanger la balle comme une bombe. Mais avant tout, Jensen Hamilton est un lion perdu, un roitelet qui gouverne un véritable empire, Napoléon des temps modernes, il n’y a pas, dans sa cour, de place pour les traitres et les parvenus. Et c’est simplement ce qu’est Peter Eaton, un traitre parvenu. Tentant le coup de bluff extrême, Eaton avait envoyé, dans le secret le plus total des preuves de l’implication financière d’Hamilton Housing Inc dans des affaires pas très propres en Afrique. Heureusement, avant que les documents ne puissent parvenir aux autorités, requins tournant autour de l’empire, dents dehors, ils avaient été récupérés par une équipe de slovaques entrainés aux missions risquées.
« Je vais vous tuer, Peter. Votre famille n’aura pas un sou. Vous vouliez me doubler, vous allez payer. » Il écrase sa cigarette avec brutalité. Il termine son verre. Eaton s’est levé, tente d’ouvrir la porte du bureau. Verrouillée. L’homme panique. Dans son regard, l’horreur se lit, visible, parfaite.
Un début d’érection se dessine sous le pantalon de Jensen Hamilton. La souffrance est une joie, une distraction divine. Fils de Dionysos, des pêchés de l’orient.
Il se lève. Dans la main, une arme de poing, cadeau des slovaques. Prolongée par un tube silencieux, l’arme se tend. Une pression sur la gâchette.
Discret, silencieux. Plus rien.
La vie s’est envolée sous le rire tonitruant d’un maniaque. Une pression sur l’interrupteur. « Helen, dites à Andrea de rameuter son équipe. »

L’homme déverrouille la porte en tapotant un code depuis son bureau puis s’installe, les slovaques arrivent, et avec eux, la libération.

Chapitre 3 : Glaive

« Un éclair vert, c’est tout dont je me souviens. Dix fois que je le répète. » Père est là, étendu dans un lit. La climatisation de la petite clinique souffle fort. C’est l’été sur Londres. Un été chaud, poisseux, immonde. La sueur coule sur les fronts, les spots gouvernementaux incitent à longueur de temps à rester à la maison, volets fermés, à utiliser les climatisations ou les ventilateurs. A s’hydrater.

Le roulement lointain de l’orage résonne au loin. Menaçant, le ciel s’est teinté de gris mais l’humidité tutoie les sommets, on pourrait se croire en Amazonie où l’hygrométrie descend rarement en dessous des quatre vingt quinze pour-cent. « Très bien, monsieur Hamilton. Je vous laisse une carte au cas où d’autres souvenirs vous reviendrez. Et restez disponible au cas où nous devrions vous poser d’autres questions. » Le duo de policiers quitte la pièce après avoir déposé une petite carte sur la table de nuit. « Je ne risque pas de partir en voyage de sitôt, abrutis. » jure le paternel entre ses dents.
Lorsqu’ils quittent la pièce, l’air semble plus respirable. Comme s’ils emportaient avec eux tout le malheur du monde, toute la moiteur de l’univers. T’es là, les fesses posées sur un fauteuil au confort relatif. Une canette de coca dans les mains. Le sucre, valeur refuge certaine. La climatisation crache encore, le filet d’air frais qu’elle laisse filtrer au travers de ses pales est un plaisir ultime.
Tu ne comprends pas trop pourquoi père est là, il semble aller bien mais mère dit qu’il y a eu un accident, qu’une chose terrible est arrivée à Stephen, le chauffeur de père.

Tu n’as pas vraiment tout saisi, simplement que l’affaire est assez grave puisque deux policiers de Scotland Yard ont débarqué peu après le réveil difficile de père avec un tas de questions. Tu aspires le coca par la paille avec délectation. Dire qu’à cette heure, tu devrais être à l’école, en train d’étudier le mouvement des planètes ou les mathématiques, plus conséquente des plaies infligées par dieu à Mila Hamilton, littéraire d’état, lectrice affable.
Onze ans. Petite fille rusée, maligne qui, parfois, est soufflée par la stupidité de certains camarades.
[darkred]« Mila, tiens-toi droite, on dirait un ours. » [/color] Le regard de père, bien que plus blanc qu’à l’accoutumée est toujours aussi sévère. Si Jensen Hamilton ne supporte pas quelque chose, c’est l’éducation sauvage des jeunes d’aujourd’hui. Il passe son temps à reprocher à ses enfants de se tenir comme des porcs, à ne pas savoir comment se présenter. De son temps, dit-il, les coups de règles sur les doigts étaient une punition digne, de son temps rabâche-t-il encore, les jeunes savaient se tenir.
Ton regard transpire l’espièglerie. En sifflant encore quelques gorgées du délicieux breuvage, tu hausses les sourcils. Enfonçant les fesses dans le rembourrage immonde du mobilier art-déco, tu dévisages le paternel. Dans un sourire innocent, tu lances : « Tu peux toujours venir me redresser, si tu arrives à te lever ! »

Le visage de Jensen Hamilton se tend. Il devient tout rouge puis sans crier gare, il explose d’un rire gras, d’un rire qui se prolonge en quinte de toux. Il suffoque mais en rigole encore. Et tu joins ton rire au sien, deux voix cristallines à l’unisson d’une chambre ravagée. « Mila, avec une telle répartie, tu iras loin. Plus loin que moi, que ta mère, que n’importe qui. »
Les délires, parfois, d’un paternel qui imagine ses enfants comme les rois du monde. Pour certains, cela se révélerait vrai. Pour d’autres, un mensonge éhonté.
La famille Hamilton elle-même vivrait la gloire de ses membres et la déchéance d’autres. Comme dans toutes les familles, canards boiteux et reines d’un monde viendraient s’écraser, se fracasser. Les premiers devenant les derniers et les derniers devenant les premiers. Métamorphoses ovidiennes, kafkaïennes prémonitions.
« Papa, je n’ai pas envie. Moi, je veux écrire des livres. C’est tout. »

C’était fou. Absolument fou… De se rendre compte à quel point une gamine de onze ans peut être naïve, de penser à quel point tu te trompais alors. L’avenir, s’il n’était pas tout tracé ne te conduirait pas sur les étales d’un libraire, pas non plus à voir ton titre de l’époque « Gardiens du monde » commandable sur Amazon. Sur la plateforme, quelques années plus tard, on trouverait des biographies insultantes sur ta famille et sur toi-même.
Alors que Jeff Bezos n’était qu’un petit libraire ambitieux, toi, tu construisais déjà les récits de chevaliers, de cités perdues, de quêtes mystiques à en faire pâlir le Roi Arthur et sa table ronde d’ignares.

Chapitre 4 : papier glacé.

Journée fraiche. Le vent qui frotte dans les cheveux. Ceux-là s’envolent dans un bouquet merveilleux, viennent perturber la vision en glissant, pervers des pervers, dans deux yeux bleutés à la délicate teinte.
C’est une journée particulière. Celle d’un anniversaire. Celle d’une célébration. Oriflammes, pavillons au vent. Chez les Hamilton, les anniversaires ne se fêtent pas dans le secret du cercle familial, ils ne se fomentent pas comme le gueux ourdi le complot. Les anniversaires se célèbrent en comités importants, se fêtent avec des bouteilles du meilleur Dom Perignon, avec la quintessence des cigares les plus odorants du marché cubain.
Si Paris est une fête, Londres, en ces jours là, se pare de son plus bel atout : l’aristocratie dans sa joyeuseté décomplexée, dans sa folie incertaine.

Pour une gamine de seize ans, l’enfer est à la proue, le navire fend les eaux. Pour une gamine de seize ans, les chéquiers sont sortis, les cartes bancaires débitées. C’est dans l’appartement qui domine la Iron Tower, hommage, sans doute à celle dont le paternel possède un immense portrait sur son bureau de noyer, celle dont il cite, une fois par jour, comme la Parole de l’Ancien Testament, la grandeur incarnée. Margaret Tatcher, femme de loi, femme à la poigne ferme. Iron Lady pour Iron Tower.
La boucle est bouclée.

Les bises claquent, résonnent. Les poignées de mains s’échangent. Mais la solitude est finalement l’amie la plus précieuse. Tu attrapes le paquet de cigarettes paternel qui traine sur la petite commode de l’entrée, un portrait de famille s’offre à la vue des visiteurs. Des têtes blondes platines, souriantes. Vitrine parfaite, toujours. Tu glisses un tube nicotiné dans la bouche délicieusement maquillée avant de l’allumer en soupirant.
« Quoi ? Vous voulez mon portrait sur papier glacé ? » jettes-tu dans un sourire au couple dont les bouches se sont élargies à en faire pâlir les fesses de gallinacés. Le mari pose la main sur l’épaule de sa femme pour la pousser dans le salon attenant. La bourgeoise n’aime pas qu’on lui mette le nez dans la merde, c’est donc devenu une mission fixée par la plus haute autorité cérébrale qu’il soit : ton cerveau. Adolescente aux airs rebelles que tu ne perdras jamais vraiment. Ta façon, peut-être de montrer qu’on peut être une femme et en avoir une paire colossale. C’était souvent le problème avec les amis de la famille, ils ne comprenaient jamais vraiment comment une gamine pouvait avoir plus de répondant qu’eux. L’expérience ne faisait pas tout, elle avait plutôt tendance à être une régression de l’humanité. L'expérience, lorsqu'elle était là, était nocive, elle empêchait la créativité, l'être de s'exprimer. Elle brimait tout, justifiait tout. Elle deviendrait, par la suite, salutaire.
Tu quittes l’appartement sans demander ton reste, qu’ils restent entre eux à célébrer une femme dont ils se fichent éperdument. Prenant l’ascenseur en jurant entre tes dents, tu descends les quarante-six étages en un clignement d’oeil. La modernité, quel plaisir inouï.

A la manière d’une espionne, tu dévales ensuite la rue londonienne. La soirée est vraiment fraiche au point d’insulter ton cervelet malade qui n’a pas pensé à enfiler un manteau. Tant pis. Plus le temps, plus l’envie de retourner dans ce panier de crabes à souffrir de bises sur joues collantes. Pas question d’y remettre un pied. Tu tires sur la cigarette avec violence, pour réchauffer au moins les papilles qui souffrent d’un afflux. Tu prends la direction d’une petite allée pas très éclairée. Dans n’importe quelle production télévisée, c’est le genre de rues où les gamines blondes de seize ans sont agressées, violées, laissées pour morte. Dans la réalité, ça arrive aussi parfois. Croisant les doigts pour qu’un punk à chiens ne traine pas ici, avec sa mauvaise came et son clébard immonde, tu t’y engages avec insouciance. Il n’y a rien qui fait peur à Mila Hamilton, sauf, peut-être, les punks à chiens.
Une voix résonne dans la ruelle, les réverbères sont blafards, presque invisibles. Mais des traits connus s’avancent dans la petite flaque de lumière. Divinité incarnée. « Tu es venue » dit la voix de sa candeur incroyable qui fait papillonner le ventre. « Ce n’est pas l’anniversaire de ma mère qui me ferait t’oublier » dis-tu dans un souffle. Ses courbes, sa voix, son parfum, tout en elle renvoie à ton propre désir, tout en elle te fait oublier le reste.

Interlude : Le monde ou rien

Les draps bruissent. Le silence. Le silence, toujours le silence. La perfection. La douleur aussi. La grandeur perdue, le corps perdu. Tout est perdu. Rien n’est beau, rien n’est magnifique.
Au printemps, les bourgeons, l’hiver, la mort.

Aux fils d’Artaud, la liberté.
Aux fils de l’univers, la liberté.
Aux fils de la terre, la liberté.
Aux fils du ciel, la liberté.
Aux filles Hamilton, la mort.
Aux gamines perdues, la mort.

« Ne reviens pas. Jamais. »
Les draps bruissent. Bruissent encore. Ils sont l’empreinte dans le cerveau, ils sont la tyrannie, ils sont l’écorce que l’on gratte en forêt, ils sont le signe des effondrements des mondes. Ils sont la mort de l’Humanité.
Ils sont les dévoreurs aux portes, ils sont les délices abattus, ils sont l’espoir, la joie, les rires, les morves écoulées.

« Ne reviens pas. Jamais. »
Les paroles tranchent dans la beauté du moment, arrêtent l’instant. Les paroles sont un fléau, les paroles, une monstruosité.
Les paroles dévorent, détruisent, coupent, taillent, abrègent. Les paroles sont une défense, une attaque, une guerre perdue à l’avance. Une bataille indéfendable, une faiblesse, une force.
Les paroles sont modelées, taillées, affutées comme des millions de petites piques qui effilochent la peau. Les paroles sont l’or des cités perdues, sont des trésors formidables. Conquistadors courageux ou génocidaires de peuplades méconnus. Les mots sont tout cela à la fois.

Une science de l’horreur.
Une révélation.

« Ne reviens pas. Jamais »
Qui sonne comme une sentence
Qui trébuche comme une défense
Qui fait saigner le coeur
Qui signale le printemps qui meurt

« Ne reviens pas. Jamais »
Rupture sanglante. Dans la froideur moite d’un printemps mourant, d’un été s’annonçant.

« Nous sommes dans l’impasse. Tu as vingt ans, Mila, il est temps de t’assumer. De crier au monde qui tu es, putain. Tu gâches tout. »

Les larmes sont là. Froides comme la nuit, froide comme le jour. Plus de respiration, plus de souffle. Plus d’eau à évacuer. Aux yeux, les torrents, à l’âme, les tourments.

« Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas. Tu veux que je perde tout ce que j’ai réussi à construire ? Tu veux que je perde ma famille, ma vie ? »
La voix est faible, suppliante. Suppliciante. Qu’on achève ce palpitant qui bat en concert, qu’on arrache cette langue qui dispensa si délicatement l’amour sur son passage. Qu’on te détruise ici, dans la justice aveugle, sur le risque disparu.

« Alors tu vas me perdre, Mila. Si tu n’arrives pas à les perdre, tu vas me perdre. C’est comme ça. Je ne peux plus vivre dans la peur, dans le secret. Je ne veux plus vivre comme ça. Fais le bon choix Mila, fais-le pour nous. »
Foudroyée, mortifiée, détruite, assassinée. Ça aurait été plus facile à gérer. Plus facile à contraindre, plus facile à gérer.
Les prières sont fades, où est dieu ? Nulle part en vue. Pleutre, faible, il ne se complait que dans la distance.

« Il est fait. Depuis toujours. Mais désormais, il est impossible. »

Les draps bruissent.
Les draps bruissent et cessent.
S’éteignent dans un Hallelujah disparu.

Tout est fini. Tout est à refaire.
Le monde… Ou rien.

Chapitre 5 : Ascension

Les bois sont rudes. Les jambes douloureuses. Les baskets en toile ricochent sur les branches abattues. La gourde se porte à la bouche avec grandeur, l'eau qui dévale en torrents sur les lèvres et sur le menton est salutaire. Comme à chaque gorgée après l'effort, la question est la même : pourquoi est-ce que je n'en bois pas plus ?
La réponse est trouvée, comme à chaque fois, dans le cerveau malade : l'eau ne permet pas d'oublier. L'eau n'a pas cette folle vertu de faire s'envoler les problèmes au bout de quelques goulées.
Après une promenade en forêt, cependant, l'eau est la meilleure des denrées. Tu allumes une cigarette du bout des lèvres, respirant l'air pur des pins tabagiques.
« Quel pays de merde. On se demande comment les cuisses de grenouilles peuvent vivre comme ça  » dis-tu en pestant contre la nature elle-même. La famille n'est pas loin et Kayla approuve d'un signe de tête. Ta sœur s'allume une cigarette à son tour et très rapidement, le cercle familial dans un rapprochement cognitif à la clope au bec, devisant sur les paysages ravissants qu'ils contemplent mais qu'ils haïssent chacun parce que ça ne ressemble pas assez à l'Angleterre, pas assez à la vie moderne qu'ils affectionnent avoir. Mais Jensen Hamilton a parfois des idées saugrenues, tordues et celle-là en est une : une randonnée au cœur des Alpes. Pour se ressourcer.
Une grande annonce, c'est ce qu'il a dit. Il a aussi précisé que cette annonce ne pourrait pas se faire à Londres, qu'il faudrait en discuter loin des oreilles indiscrètes du pouvoir.
C'est le moment d'ailleurs, puisqu'un signe de main, Jensen appelle sa petite famille. Trois filles, un garçon et une femme en forme qui, avec son reflex dernier cri semble la seule heureuse d'être ici. Elle clique une dernière fois sur son appareil photo, contemple le résultat dans le petit écran et semble ravie. Cent dix photos d'arbres, d'oiseaux et autres immondices écologistes.

Le cercle familial se retrouve au creux d'une petite clairière où de petites souches semblent volontairement disposées en demi-cercle, un foyer d'un feu ancestral se tient au centre. Tu jettes le mégot de la Marlboro en son centre, espérant presque qu'un départ d'incendie viendrait faire disparaître ce lieu maudit. « Mes chéris, si j'ai décidé de vous faire venir dans cet horrible endroit, c'est pour une raison. J'ai des choses à vous dire, des choses qui vont bousculer l'ordre établi du monde.   » Hamilton père allume une nouvelle cigarette puis range le paquet, ménageant le suspens. « Vous n'êtes sans savoir que Junior travaille avec cette immonde Yardley.    » Junior, c'est Jim, le cousin, le fils unique de Jim et Madeline Eaton, la sœur jumelle de Jensen. Deux pour le prix d'un, merveille sacrificielle.  Depuis peu, il occupe un poste important au Cabinet du Premier Ministre.« Il existe, dans notre monde, des gens différents. Vous le savez déjà : végétaliens, impies, hérétiques, criminels, voleurs.. Mais il est une sorte de gens pire encore que ceux-là : des sorciers.    »

Un cri. Mère. Son appareil photo manqua de faire un vol plané sur le sol, rattrapé seulement par le cordon. « DES QUOI ? » hurles Kayla, son cri se perpétrant au travers des conifères, revenant en échos.

Chapitre 6 : Sommet

« Votre père a été très convainquant, miss Hamilton. » Yardley se tient droite comme un bâton. Elle dévore un petit bol de noix de cajou qu'elle fait glisser avec un cognac d'exception. Assise sur la chaise face à son bureau, inconfortable pour que le rendez-vous ne s'éternise pas, tu émets un petit rire. « C'est un talent qu'on ne peut lui reconnaître. Mais je suis surprise que vous intercédiez à la requête d'un opposant si vindicatif.  » Yardley fait un petit sourire. Elle avale une gorgée de son cognac, ménage ses pauses comme la politicienne acérée qu'elle s'est révélée être.  « La Réunification a toujours eu un but : l'ouverture. Dans cette logique, j'ai jugé bon de nommer à ce poste une tenace opposante. Parce que vos idées doivent être battues sur le terrain, toujours.» Tu allumes une cigarette, en propose une à la ministre qui l'accepte.

Dans l'ambiance feutrée du petit salon de Downing Street où elle réside toujours, la haine s'explore avec beauté et bienveillance. Deux femmes opposées conduites à travailler ensemble. « Ne vous fatiguez pas, Susan. J'ai bien compris votre manège. En annonçant publiquement que je pourrais vous rejoindre comme sous-secrétaire d'état, vous vous attendiez à ce que je refuse. Vous auriez pu alors crier au monde à quel point nous refusions de gouverner, que nous n'étions là que pour souffler sur les braises ardentes d'un peuple que vous méprisez. Mais nous y voilà, Suzie, j'ai accepté votre offre en direct à la télévision. Maintenant, vous vous retrouvez avec un connard de loup dans votre mignonne petite bergerie.   » La Ministre émet un sourire où toutes ses dents apparaissent. Elle tapote sa cigarette sur le cendrier de bronze.« Vous êtes moins idiote que la pauvreté de votre langage le laisse suggérer, très chère. Mais Mila, laissez-moi vous prévenir : vous n'êtes qu'une potiche, qu'un moyen pour nous de dire au monde que nous sommes ouverts et tolérants, que nos ennemis sont nos amis dans le grande monde de l'égalitarisme. »  
A ton tour de sourire à la ministre. Elle n'impressionne personne, avec ses jolis mots et sa voix suave, surtout pas celle qui renonça à la compagnie d'une jeune femme pour couvrir ses arrières. Par ambition, parce que l'ambition est un moteur. Trente-cinq ans et la rage au cœur comme à vingt, prête à gravir les barricades, à prendre toutes les Bastilles du monde.  « Nous verrons Susan, qui mangera qui. Nous verrons aussi si votre précieuse Réunification sera à l'épreuve d'un mois de Mila Hamilton. Si vous permettez, l'esthéticienne doit me faire le maillot. Et je ne voudrais pas lui imposer mon retard, en plus.    »
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mila - cavaliero

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